Mardi 18 octobre 2016, il est bientôt 13h, on vient de passer Gibraltar, on part pour 4 jours au moins de navigation dans un océan que l’on ne connait pas…
Dès qu’on s’éloigne du détroit de Gibraltar le vent se calme et la mer aussi. Teiva glisse tranquillement pendant qu’on découvre, on observe. On cherche la différence qu’il y a entre la mer méditerranée et cet océan. Tout d’abord tout nous semble identique, mais petit à petit la différence s’impose. On glisse sur une houle régulière de 1 à 2 mètres de haut sans même sans rendre compte. Tout est grand !
On longe un peu la côte Espagnole avant de commencer notre descente vers les Canaries. Ça nous permettra de nous éloigner du début du rail des cargos dans le détroit, afin d’en croiser moins sur notre route et aussi de nous éloigner de la côte Africaine et de ses bateaux de pêche sans AIS…
En début de traversée on croisera quand même 6 cargos, qui suivent à peu près la même route que nous. Et en début de soirée on passe près d’un groupe de pêcheurs : cinq bateaux à bâbord, un à tribord. On voit bien leurs lumières et on se dévie pour passer le plus loin possible d’eux. On n’est pas embêté. Un dernier cargo nous accompagne quelques temps, il suit la même route que nous. Le reste de la traversée on croisera peu de bateaux.
En traversée on dort à tour de rôle avec Théo. Ça rassure tout le monde ! Avec le bruit du bateau qui glisse sur l’eau (ou du moteur quand il n’y a pas de vent) on n’entendrait pas Théo s’il nous appelait dans la nuit. Jean-Roch prend souvent le premier quart, dès 20h30 ou 21h. Ensuite, je prends la relève quand je me réveille. Mais on ne met pas de réveil et parfois je dors un peu trop…
Dès qu’il fait jour on met la ligne à l’eau. Jeudi on a attrapé une superbe dorade coryphène de 80 cm de long ! Théo est aux anges ! Jean-Roch mettra 1/2h pour la sortir de l’eau, une bonne heure pour faire les filets et moi autant pour la préparer. Ça occupe !!! Dès le lendemain on commencera avec Théo un « cahier de poissons ». La daurade est son cinquième poisson depuis qu’on est sur le bateau.
Pour s’occuper, le rituel des navigations s’installe. Théo fait du CNED et des bagarres avec Jean-Roch, de la lecture ou des jeux de cartes avec moi et du pain tout seul !
Vendredi des dauphins viennent jouer avec le bateau. C’est beau…
Et tous les soirs et matins de nouvelles palettes de couleurs s’offrent à nous…
Finalement, samedi en fin de matinée on voit la côte ! On l’a fait !!! On aura eu de superbes conditions de navigation pour des débutants comme nous. Le vent n’a pas toujours été là, on a du mettre le moteur à plusieurs reprises, mais on ne s’est jamais senti en difficulté. On aura même eu mer d’huile en plein océan atlantique ! Seul le dernier jour a été un peu difficile, car on avait un petit vent de face et on a du fait du moteur toute la journée afin d’arriver aux Canaries avant la nuit…
En s’approchant de l’île de Lanzarote on a Gilbert et Isabelle au tél. . Ils sont au mouillage en face d’Arrecife. On ne pense pas pouvoir les rejoindre avant la nuit… On veut faire un mouillage au nord-est de l’île, mais en s’approchant on se rend vite compte que la zone est au vent et qu’il n’y a pas de sable du côté abrité de la baie. L’ancre n’accrochera pas sur ces fonds. On va devoir pousser jusqu’à Arrecife.
On rappelle Gilbert, il va nous préparer le mouillage. Les corps morts sont en place, mais aucune amarre n’est accrochée aux blocs de béton. Gilbert va plonger pour en mettre une et il nous attend pour nous la donner. On arrive vers 18h30 (19h30 heure Française). Lors de la manœuvre l’amarre se prend dans une hélice… Jean-Roch doit plonger pour la libérer, mais l’amarre se coince entre la dérive et l’hélice ! Jean-Roch n’arrive pas à nous libérer… Quand je vous dis qu’on est « des bleus »… Il faudra l’aide de Jonathan (un Bulgare venu de Dublin sur un bateau d’à peine 6m et qui travail dans le port d’Arrecife) pour nous dépatouiller et une petite heure pour être enfin au mouillage !!!
Le soir, tout le monde se retrouve sur Teiva pour un apéro bien mérité !
On vient de faire notre plus longue navigation !!! 641 miles depuis Gibraltar, en 4 jours et 9 h 1/2